Mon histoire…
Joliette 1989
La mort était une horrible chose à assimiler pour moi. J’avais plein de questions, mais je n’osais déranger personne avec cela. Je me souviens d’avoir éprouvé une profonde peine que je n’avais encore jamais connue. Le jour des funérailles, j’ai voulu accompagner ma mère et ma grand-mère qui avait lieu au Lac-Saint-Jean pour, moi aussi, témoigner de ma tristesse. On m’a dit que je ne pouvais pas y aller, que nous manquions de places dans la voiture. Je me suis sentie abandonnée. Comme si ma peine d’avoir perdu mon oncle et ma tante n’était pas importante à leurs yeux.À 9 ans, je me suis sentie seule et perdue face à la mort. Depuis, cette exécrable mort a malheureusement fait partie de ma vie.
Douze décès de mes proches sont survenus (cancer, maladie, accident, vieillesse). J’ai également dûtraverser six suicides de personnes très proches de moi. Tant de décès… J’ai toujours cherché à comprendre pourquoi je vivais autant de pertes.Par la suite, j’ai accompagné des membres de ma famille en fin de vie aux soins palliatifs. Avec toutes ces pertes et ces mortalités autour de moi, je croyais que je commençais à apprivoiser la mort et à gérer le processus des deuils à faire. Je le croyais. Toutefois, en 2005, je me suis réellement effondrée. Parmi tous ces décès, celui-ci allait définitivement bouleverser ma vie.
Ma mère s’est enlevée subitement la vie à l’âge de 44 ans.Nous étions pourtant ensemble la veille…Je l’ai découverte le lendemain chez elle, à son appartement. Une mort violente. Elle s’était pendue. Mon être entier s’est mis à trembler. Une secousse intérieure d’une magnitude ahurissante. Je savais à cet instant que ma vie ne serait plus jamais la même. J’avais 25 ans. J’étais mère de deux petites filles.
J’ai cherché des ressources dans les années qui ont suivi. Je vivais manifestement un choc post-traumatique. J’ai été aidé par un excellent psychologue. La blessure était toutefois très profonde.Les années passaient et j’avais toujours mal. Je n’osais pas déranger mon entourage. J’avais l’impression de ne pas avancer. Je me suis isolée. Je tentais de faire mon deuil. Cela m’a prit des années à accepter ma situation. Avec le temps, de l’ouverture aux autres et du travail sur moi, j’ai réussi à transformer ces états en une paix intérieure apaisante. J’ai compris que je ne pouvais pas complètement guérir de ces traumatismes, mais que je pouvais choisir de mieux gérer mes émotions en lien avec ceux-ci.
J’ai été intervenante en milieu communautaire pour des familles et des enfants pendant 15 ans. Au fil des années, je me suis découvert un don d’écoute et de compassion qui m’était naturel. J’avais envie d’aider avec plus de proximité et de profondeur. En 2016, j’ai décidé de réorienter ma carrière.
Je suis devenue « Thérapeute en Relation d’aide MD. » J’ai choisi de faire mes études au Centre de Relation d’aide de Montréal (CRAM). Je désirais surtout soutenir et accompagner les personnes dans leur démarche personnelle. J’ai toujours approuvé leur approche basée sur le vécu et les fonctionnements relationnels chez l’humain.
Aussi, cette formation me tenait particulièrement à cœur, car elle impliquait que j’effectue du travail sur moi-même. Je savais que cela me serait bénéfique et ce le fut grandement.Faire son deuil est une expérience que je connais très bien. Ce sujet me touche profondément. Mon expérience personnelle et ma formation m’aident à mieux saisir et comprendre ce que représente ce type d’épreuve. J’attache une grande importance à aider les personnes endeuillées ou celles qui ont vécu le suicide d’un proche.
Aujourd’hui, je vous ouvre mes bras pour vous accueillir, vous aider et vous écouter. Je sais que ce sont des moments difficiles à vivre. Je sais aussi que l’isolement n’est pas la bonne voie.
La lumière, l’espoir et le bonheur peuvent renaître en ouvrant son cœur, en apprenant à vivre dans l’ici-maintenant et en partageant son vécu.